Préambule : ce message est un copier-coller d’un post sur le forum de Filmdeculte.
Etant moi-même en pleine gestation d'un court en ce moment, je me suis rendu compte d'une chose après avoir vu quelques courts ici et là...
Chacun sait qu'en général un court métrage constitue une excellente opportunité pour un réalisateur un tant soit peu sérieux de s'exercer sur un format court en vue de passer éventuellement à un format plus long. L'exercice est alors double: d'un côté le réalisateur expérimente, apprend, recherche et se familiarise avec l'ensemble des arts et techniques que constituent la production cinématographique. De l'autre côté, une fois le film terminé, le film sert à montrer les compétences du réalisateur afin qu'on lui confie un projet plus ambitieux, voire la réalisation d'un long métrage.
J’ai vu quelques courts français récemment et une chose qui m’a frappée : les réalisateurs semblaient être plus préoccupés par montrer leur savoir faire technique, leurs capacités à mettre en image, à diriger des comédiens, à mettre en place une ambiance. Tout cela ne serait que trop normal si ces mêmes réalisateurs ne semblaient pas se foutre royalement de leur histoire, celle-ci devenant un accessoire à leurs rêves de grandeur. Le sentiment que pour eux, plutôt que de tenter de raconter une histoire unique, se suffisant à elle-même dans un format réduit, un court métrage doit hurler sa volonté de montrer que la personne qui le dirige peut faire plus gros, plus long. Du coup on a le sentiment d’y voir non plus un court métrage, mais plutôt une scène d’un éventuel long métrage. Et tout comme une nouvelle ne doit surtout pas être un chapitre d’un roman, le court métrage est à mon sens régit par les mêmes besoins. On se retrouve donc avec des films qui tiennent la route techniquement, bardés de travellings, de tics de « pros », avec une image bien propre, des acteurs convaincants et une bande son idoine. Mais derrière cette façade technique propre sur elle, il suffit qu’on gratte un peu pour découvrir une histoire anémique, prétexte à une chute minable (les deux premiers exemples ci-dessous en sont des exemples parfaits), exercice de style vain, qui ne parvient pas donner au film un corps excitant. Pire encore, je trouve que ces films puent une certaine prétention et un dédain authentique pour l’écriture. Ecrire un court métrage ne se résume pas à sortir une scène de son chapeau comme si on prenait un long en plein milieu. Une histoire de court métrage doit idéalement se suffire à elle-même, on ne doit plus rien ajouter ou enlever.
Etrangement, le milieu du court métrage d’animation ne semble pas trop souffrir de ce symptôme, comme si le milieu possédait une culture de l’histoire courte que le milieu du cinéma « traditionnel » ne connaît pas. Dans les deux exemples que j’ai donnés au-dessous, on a la démonstration parfaite d’une écriture totalement adaptée et dédiée au format court. Les deux films font non seulement preuve d’un immense savoir faire technique, mais en plus l’écriture paraît précise, entièrement dévouée à une histoire concise sans donner le sentiment de chercher à être autre chose qu’un court-métrage, un vrai. La chute est d’ailleurs secondaire à l’histoire que les films racontent, ils ne cherchent pas à faire le malin, ils cherchent juste à raconter une histoire sans se soucier qu’elle fasse 5, 10 minutes ou 2 heures. J’y trouve une certaine noblesse là où dans mes deux mauvais élèves j’y vois une certaine vulgarité (reconnaissons tout de même que l’animation permet de transporter plus facilement dans des univers exotiques que les films en prise de vue réelle). Minimum Overdrive est d’ailleurs totalement à rapprocher de cette mouvance. Le film est plus qu’une démonstration technique. Il y a d’ailleurs quelque chose de cartoonesque dans le film, genre Road-runner. Mais Minimum raconte une histoire, a une progression dramatique et une variété que certains courts bien plus friqués ne peuvent même pas approcher.
Deux mauvais élèves :
J'attendrais le suivant, nommé à l'Oscar 2003 du meilleur court-métrage. Oui oui, l’Oscar comme aux stazunis.
Anaconda avec Alexandre Astier
Trois bons élèves :
Minimum Overdrive de Liam Engle, nommé dans mon cœur
Overtime - court produit à Supinfocom, l’un de mes courts préférés...
Dans 2 ans, quand je commencerais mon film de fin d'année à l'esma, j'éspère que je serais moi aussi un bon élève, et que j'arriverais à me concentrer (avec mes collègues) autant sur l'histoire, que sur la technique.. Wait & see, mais je languis déjà ^^