Voilà. Au moins mes intentions sont claires. Je n’aime pas les fans films. Et si vous avez suivi un poil mon blog, dans un des posts, je me prends la tête avec un jeune réalisateur d’un fan film. Oui parceque je suis comme ça moi, j’aime bien taper sur les faibles.
Donc on va mettre les choses au point d’entrée de jeu : oui je sais que réaliser un film, c’est dur, ça demande un investissement personnel immense, que dans le cas des productions amateurs, c’est sur les propres deniers des participants et que bon, ça fait jamais plaisir de voir que ces heures de travail honnête et intensif se faire descendre en quelques secondes. Je sais tout ça et je le comprends. Et j’aimerais aussi préciser que je suis un immense fan de Star Wars, donc mon aversion pour les fans films ne vient pas du tout du fait que je n’accrocherais éventuellement pas à l’univers de Lucas.
Ceci dit : tout le travail du monde peut ne pas empêcher un réalisateur de se planter, des acteurs d’être mauvais, de foirer son montage son, de tourner des cadres chiants et d’être incapable de raconter une histoire.
A l’époque de la sortie de la Revanche des Sith en 2005, j’avais écrit un article FilmdeCulte.com à propos des fans films où je parlais déjà de tout ça, mais j’avais envie d’en remettre une couche, ça me défoule et puis avec les blogs, le ton plus libre et la possibilité d’insérer des vidéos pour illustrer son propos, j’en profite.
J’en parlais également dans un article en début de mois, avec la démocratisation des écrans, des caméras de qualité et abordables et la facilité des moyens de diffusion, il est devenu facile de faire des films. Et chacun d’avoir sa déclinaison perso. Parmi ce flux incessant, il y a les fans films dont les représentants les plus illustres sont les fans films Star Wars. En clair, des amateurs reprennent à leur sauce, rajoute leur petite brique dans l’univers immense créé par George Lucas.
Il faut reconnaître que Star Wars se prête admirablement bien à cet exercice : univers vaste, possibilité de s’y perdre et de s’identifier aux enjeux qui l’habitent, aventures palpitantes, Lucas a fait mouche lorsqu’il a créé sa mythologie, déclenchant chez des milliers de gens cette envie de se projeter dans cet univers, d’y vivre des aventures fabuleuses, d’être un Jedi, de côtoyer Yoda, de croiser le laser avec Darth Vader, de se prendre pour Jango Fett et de tirer les oreilles de Jar-Jar. Jusque là rien que de très légitime. Seulement, faire un film, ça demande bien plus que de se rêver dans le siège du Faucon Millenium, ça demande du travail, de l’expérience et du talent.
Bref, ça demande de passer à l’étape suivante, d’être capable d’écrire un script correct, de trouver des comédiens convaincants et de réaliser un bon film. Et c’est là que ça coince.
Oui parceque, là on ne parle pas de réaliser sans moyen un petit film peinard dans une chambre d’hôtel où deux trentenaires discutent le bout de gras. Non, là on parle de Star Wars, ce film avec des décors énormes, des costumes parfois riches, des accessoires, tout plein de détails, des comédiens comme Natalie Portman, Harrison Ford, Ewan McGregor, Sam Jackson, Peter Cushing, Christopher Lee. Pas que de la petite crotte quoi. On parle de films qui n’ont pas coûté trois francs six sous à produire, de films dont la durée de production est d’environ 3 ans (contre 18 mois à peu près pour un long métrage normal, ça peut être un peu moins ou un peu plus, selon le genre). Du lourd quoi. Du genre qui demande un investissement humain et financier pas négligeable. Et là je suis sûr que vous voyez où je veux en venir. Cet espèce de paradoxe qui voudrait que le bon sens hurlerait à la face de ces apprentis réalisateurs que ce serait peut-être pas une si bonne idée de faire du Star Wars parceque fatalement les moyens à mettre en œuvre ne seront sans aucune mesure comparable à ceux de notre ami George. Et la réalisation, vous voyez, c’est avant tout une affaire de bon sens. Le réalisateur doit adapter sa vision en fonction des moyens dont il dispose, il doit faire preuve d’ingéniosité et surtout capable d’avoir un certain recul par rapport à la faisabilité de telle ou telle idée. Vous le sentez là.? Réaliser en dépit du bon sens, une oeuvre qui sera fatalement bancale en comparaison de son modèle. Pourquoi le parangon du film amateur doit-il être nécessairement calquée sur le parangon de la production à gros budget hollywoodien. Deux extrêmes qui s’attirent.
Evidemment je n’oublie pas le fun de tourner ça entre potes, pour se marrer. Ni n’ignore que la 3D permet de nos jours de produire des prouesses visuelles (cela dit on est loin des vingt heures de rendu nécessaire pour UNE image d’une séquence de la Revanche des Sith et l’ordi, c’est pas à proprement parler le PC du grand frère). Là où je tique, c’est quand j’entends ces réalisateurs espérer passer à quelque chose de plus sérieux à l’avenir. Lorsque l’on voit la qualité de leurs fans films, on peut se dire que c’est pas gagné. Je ne nie pas que l’expérience accumulée est sans doute bénéfique, mais pour autant, c’est peine perdue de montrer son travail à un producteur pour passer à autre chose. Imaginons un instant que je sois producteur et que le réalisateur de Jedi Crisis vienne me présenter son film pour que je finance un court « normal » il y a de fortes chances qu’il reparte bredouille avec son DVD dans le cul l’animal. C’est peut-être pour ça que je suis pas producteur. Où lorsque je regardais le documentaire Je rêvais d’être un Jedi qui montrait des images de L’Ordre Sith, un autre fan film français – pas encore achevé à ma connaissance – considéré comme le plus ambitieux, on ne peut que noter que l’excellente tenue de la 3D cache l’essentiel : des acteurs amateurs et un script qui ne semblait pas bien passionnant. Sabre lasers, batailles spatiales et fond bleu ne font pas un film. Si votre tonton Raymond est infoutu de dire vos 3 lignes de dialogues péniblement écrites sans réciter, 90% de votre auditoire décrochera.
Et c’est ce qui caractérise l’ensemble des fans films : une histoire poussive et mal racontée enrobée parfois dans un trompeur emballage admirablement bien troussé.
Toutefois, tout n’est pas à jeter. Retenons le premier d’entre eux (du moins de la génération internet). Le Troops de Kevin Rubio, crossover entre Star Wars et une émission de télé réalité. L’instigateur du mouvement, premier fan film star, est aussi le mieux exécuté et a un vrai point de vue de réalisateur.
On a aussi George Lucas in Love qui prend le risque de s’éloigner de l’univers Star Wars pour se recentrer sur son auteur et la genèse de la saga.
Et surtout les 2 volets de Ryan vs Dorkman qui ont retenu la leçon : les décors, les costumes kitsch, les acteurs foireux et les histoires à deux balles, c’est pas pour eux. Ce qui branche ce duo de bretteurs/réalisateurs, c’est les combats hyper chorégraphiés au sabre laser et les SFX les plus simples de Star Wars. Et là mes ewoks, ça cartonne sec parcequ’ils ont compris comment faire des films sans tout foutre en l’air parcequ’étonnement, ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions.
Ces 4 films sont disponibles ci-dessous :
Troops de Kevin Rubio
George Lucas in Love de Joe Nussbaum
Ryan vs Dorkman by themselves
Ryan vs Dorkman II by themselves too
Cela dit, pour vos soirées nanard, il peut toujours être amusant de caser entre 2 Ramoin, un petit Jedi Crisis, je vous promets de chopper des barres.
Salut Nicolas,
J'adore ta perspicacité journalistique. Tu as parfaitement le droit et le devoir d'exprimer ton avis sur ce genre de sujet.
Mais dans ton article, tu as descendu ma vidéo, avant de l'avoir visualisé, c'est plutôt cavalier, et pas vraiment un travail de journaliste? Aussi tu ne mesures pas ce qui à justifier l'envie de réaliser ce type "FANFILM", une envie de se faire plaisir avant tout entre amis.
99% des participants, n'était pas de fans de starwars, et beaucoup d'entres eux ne le connaissait même pas. Mes collaborateurs souhaitaient participer à un projet sympa.
Alors je ne sais pas dans quel environnement élitiste tu navigues. Concernant ton expression de repartir avec mon DVD, seul l’avenir nous le dira.
Si un jour tu souhaites être "consultant" pour nos prochains projets "non starwars" tu seras le bienvenu. Enfin tu pourras nous faire part de tes expériences. :-)
Sans rancunes...
Cordialement
Laurent Réalisateur malheureux ;-) de JediCrisis